Leave no trace

Debra Granik / 2018

Marginalisation forcée

Résumé : Tom a 15 ans. Elle habite clandestinement avec son père dans la forêt qui borde Portland, Oregon. Limitant au maximum leurs contacts avec le monde moderne, ils forment une famille atypique et fusionnelle. Expulsés soudainement de leur refuge, les deux solitaires se voient offrir un toit, une scolarité et un travail. Alors que son père éprouve des difficultés à s’adapter, Tom découvre avec curiosité cette nouvelle vie. Le temps est-il venu pour elle de choisir entre l’amour filial et ce monde qui l’appelle ?   

Sur fond de mode de vie alternatif, Leave no trace traite intelligemment le problème des troubles comportementaux de guerre. C’est à travers le regard d’une fille pour son père que Debra Granik s’attaque au problème. Au cœur de cette relation père/fille touchante, c’est l’impossibilité à partager la violence vécue et ressentie qui transparait à travers les non-dits. Le rôle de l’adulte responsable navigue de l’un à l’autre. Quand le père ne comprend plus ce monde et en cherche le sens en se désociabilisant, prenant la forêt comme rempart, la fille, quant à elle, arrive en âge de le découvrir et de l’appréhender. Le parallèle entre ces deux destinées renforce l’égarement forcé de ces marginaux, exclus malgré eux par une violence enfouie.

Debra Granik réalise un film tout en retenue, sensible et pudique. Empreint d’un altruisme fort et enrobé par la douceur de la réalisation, Leave no trace pose un discours puissant où le verbe compte peu et où les gestes disent beaucoup.


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.